Allo la Terre ?

Publié le par Ludovik Torpedo

Logbook, 30.01.2014.12:25. Planète Terre

Allo la Terre ?

Pourquoi la vie persiste-t-elle à être si décevante, si fade ? Est-ce notre perception qui change avec le temps ? Il nous semble que l’enfant voit la vie avec plus de passion, d’espoir, de couleurs, alors que l’adulte porte un regard grisâtre et fané. Même lorsque les rêves se réalisent, le bonheur est gâché par un élément imprévu, indésirable. Toute satisfaction est imparfaite, incomplète, impossible. Il règne ici-bas comme une malédiction qui contamine tout bonheur par un malheur égal. L’humanité est hantée par une peur permanente de la fatalité, de la maladie, de la mort…Celui qui réussit trop semble arrêté par le mauvais sort. La médiocrité discrète semble le meilleur camouflage. Mais que vaut une vie sans saveur ? Qui ne voudrait lutter pour goûter l’intensité d’une vie réussie ? La mort et l’oubli n’emportent-t-elles pas tout et tous ? Ma propre conscience, mémoire et perception de moi-même, finira par disparaître, toute trace de mon passage sur terre rejoindra l’oubli ! Je ne suis qu’un insecte insignifiant parmi la multitude grouillante dont la vie et la mort, contingente à toute valeur, indiffère le destin cosmique. Que vaut alors de lutter, et que vaut toute satisfaction ou plaisir que la lutte pourrait apporter, si le plus grand plaisir n’est que passager et s’estompera de ma propre mémoire ? Et n’est-ce pas cette même lutte pour le plaisir qui fait de ce monde un enfer absurde et insipide ? Chacun ne mène-t-il pas pour lui-même cette lutte de tous contre tous, pour se hisser au-dessus des autres et obtenir la satisfaction de son ego au détriment des autres ? N’est-ce pas là le jeu que nous jouons sur cette planète ?

Que puis-je faire ? Voyant l’absurdité de cette situation grégaire et instinctive, comment puis-je apporter un changement ? L’erreur serait de vouloir changer le monde par la force, car ce serait alors une forme nouvelle de la lutte. N’est-ce pas plutôt par l’exemple personnel, par la victoire sur soi-même, qu’une possibilité existe de changer le monde ? Que puis-je faire ? Rien du tout, n’est-ce pas ? Le vrai bonheur, la complétude serait de pouvoir changer le monde, d’y apporter l’espoir et l’équilibre ! Mais qui en est capable ? Qu’est-ce qui ferait la différence chez un humain ? Ne faut-il pas être extraordinairement fort et droit pour se démarquer face à ces questions au point d’en changer le monde ? N’est-ce pas ce que, au fond de lui, chaque être humain rêve et espère ? N’est-ce pas finalement le rêve ultime, le prototype subconscient de toute notre société, d’incarner cet humain parfait, ce sauveur, ce souverain des hommes, ce capitaine, ce président planétaire qui nous fait tant défaut, et qui serait capable, en ayant remporté la bataille contre lui-même, de guider tous les autres dans une vision unitive, au-delà, au-dessus des divisions, vers un tout nouvel horizon ? N’avez-vous jamais rêvé de cet homme, de cette femme, de cet humain véritable, dont la vie est une aventure, une quête, une démarche méthodique qui implique tout son être, associant sa recherche personnelle aux problématiques collectives de l’humanité dans une force et une intensité de passion et d’action à la fois dynamique et d’une incroyable permanence. Car si je suis insatisfait, déçu, n’est-ce pas parce que je me suis laissé aller, parce que, à un moment de ma vie, j’ai baissé les bras, et j’ai renoncé à devenir celui que j’étais destiné à devenir, que je rêvais d’être ? N’ai-je pas abandonné mon chemin pour céder au désespoir, à l’amertume, à la paresse, la colère, l’égoïsme ? J’ai pourtant l’impression d’avoir fait mon maximum, d’avoir joué le jeu, mais que cela n’était pas encore suffisant, que j’aurai dû faire davantage, ou différemment ! Mais qu’est-ce qui marque la différence entre responsabilité et culpabilité ? Qu’est-ce qui est le moteur, en moi : ma conscience, ma volonté, ma motivation, mon appétit, mon désir ? Où est le centre ? Qu’est-ce qui est vraiment « moi » ? Qu’est-ce que ce « moi » contrôle…ou pas ? Ce que j’identifie comme « moi » est-il réel, efficient, ou est-ce une illusion ? L’essentiel de ma vie n’est-il pas le jouet de forces intérieures et extérieures qui échappent totalement à mon contrôle ?

Alors, une fois de plus, que vaut une vie que je ne contrôle pas, qui n’est même pas la mienne ? N’ai-je pas raison de ne plus lutter, de ne pas résister à la négligence et de ne rechercher que le moindre déplaisir dans cette existence insensée et despotique ? Ne devrai-je pas souhaiter la mort, puisqu’elle me libèrera ? Nous craignons la mort, mais n’est-ce pas en vérité la vie qu’il faut redouter ? Dans ce monde, mon corps m’expose au risque de la douleur, de la maladie, de la torture, du mal physique ou psychologique. L’attrait de la mort est facile, plaisant, rapide…mais si triste, si désespéré, si révoltant ! Pourquoi cette existence, cette vie, ce monde, si tout cela est inutile, insensé, cruel ? N’y a-t-il pas quelque chose censé faire la différence ? Ne faut-il pas croire en cette possibilité pour qu’elle devienne effective, réelle ? Mais quel est le déclencheur ? Pourquoi ce feu ne s’allume-t-il pas en moi ? Quel aspect de moi-même peut-il réagir et mettre en mouvement la quête universelle ?

Comment peut-on se changer soi-même ? Où trouver les ressources de dépasser les limitations de notre « être-moi » ? Comment restaurer la noblesse de l’existence, la saveur et la grandeur de la vie humaine ? N’est-ce pas la chose la plus difficile, et la plus importante au monde ? Faire de soi-même non ce que la vie, et le monde, ont fait de nous, mais ce que nous pouvons et voulons être de plus flamboyant, de plus élevé, de plus accompli ! N’y a-t-il pas une raison pour laquelle nous naissons dans ce monde ? Si le sens parait obscur, n’est-ce pas parce qu’il faut justement rechercher ce sens ? Quelle est notre fonction, notre objectif véritable, en tant qu’individu humain, en tant qu’espèce ? N’y a-t-il jamais eu un seul humain qui ai atteint ce but, rempli cette fonction ? Ne faut-il pas, pour que ce feu s’allume, associer l’enjeu de son époque au sens même de l’univers ? La différence entre le Bien et le Mal n’est-elle pas que celui qui comprend et accompagne le mouvement de l’univers fait le Bien, et celui qui va à l’encontre, fait le Mal ? Ne faut-il pas être capable de se situer par rapport au tout pour pouvoir diriger sa vie ? Le devoir de tout homme n’est-il pas, n’a-t-il pas toujours été, de gagner l’autonomie de contrôle sur son propre potentiel et d’affronter honnêtement les questions insondables pour tenter, de tout son cœur, de saisir le sens, la raison et la valeur de sa propre existence dans la perspective universelle ? Mais ne constate-t-il pas alors que le monde entier s’interpose entre cette quête et lui-même ? Et que d’une certaine façon, une partie de lui se révèle son pire adversaire dans cette entreprise !

Amitiés galactiques

Capitaine Torpedo,

capitainetorpedo@yahoo.com

Vrax Tibor dans son cockpit, Copyright 2014.

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